Gursky, le référent.


"La vente record de la photographie de Andreas Gursky, Rhein II, pour 4,3 millions de dollars (3,2 millions €) chez Christie’s le 8 novembre à New York a fait couler beaucoup d’encre. Entre les indignés qui s’étonnent de voir une photo atteindre ce prix la, les adeptes de la ‘beauté sauvage d’une carte postale’ qui lancent un laconique ‘ouais c’est nul et moche’ en passant par les pragmatiques ‘4 millions c’est une somme’ les avis n’ont pas manqués. 



Certes 4,3 millions de dollars c’est beaucoup, mais est ce cher ? Là où les photographes devraient se réjouir c’est dans la somme justement. Cela veut dire que la photo a acquis ses lettres de noblesses et qu’elle rentre de plain pied dans l’art contemporain avec ses excès et ses fantaisies. Si le sommet de la pyramide vaut 4,3 millions, cela signifie que la pyramide monte justement et que les autres photographes vont en retirer un certain bénéfice (pas tous les photographes et pas dans 1 heure non plus). Il y a 10/15 ans, la photo n’avait pas une telle aura et les galeries photo étaient réservées à une clientèle un peu plus confidentielle. Maintenant, il y a de plus en plus de galeries photos et le succès de Paris Photo confirme la bonne tenue du secteur. C’est l’affirmation de la photo.
Quand je parle de bénéfice pour les photographes, je parle des artistes qui utilisent la photographie pour s’exprimer. Comme la photographie est un art simple et rapide dans son utilisation mais très complexe dans son approche, tout le monde se dit photographe.  Mais plus un art est simple dans son utilisation plus il est difficile de créer et de se faire «remarquer».
Pour en revenir au prix, 4,3 millions est ce justifié ? J’aurais tendance à répondre par l’affirmative à cette question. Y a t’il une justification rationnelle à un Picasso à 45 millions € ? Ou un joueur de football à 90 millions € ? C’est ce que l’on appelle le haut de la pyramide ou le référent. Pour connaitre la valeur d’un objet/footballeur et pour pouvoir se situer il faut un prix haut et un prix bas. Dans le cas de la photo, la moins chère, ou plutôt la moins onéreuse est à 0,10€ sur Fotolia et la plus cher est à 4,3 millions de dollars chez Christie’s.
En ce qui concerne la beauté même de la photo, on peut ne pas aimer (c’est le principe de l’art) mais en aucun cas l’esthétisme de cette photo peut être remise en cause, on ne regarde pas un tableau de Munch, c’est une photo aux lignes épurées et aux couleurs sobres. Après on en revient à qu’est ce qu’une belle photo et les discussions sans fin attenantes. La photo qui détenait le record avant Gursky était celle de Cindy Sherman (Untitled #96) est elle moins belle ? plus belle ? La vérité est beaucoup plus simple et complexe à la fois, il faut une photo la plus chère du monde et le sort à choisi celle de Gursky. Mais je suis certain que si c’était une photo différente, le débat aurait été semblable." Le Mag de Darqroom.
 
Y'a d'l'espoir non?!   (... ou pas...)
 
@+

Commentaires